Les livres

À coups de cases et de bulles

Aux Presses universitaires de Rennes, Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud, Héloïse Morel et Jean-Philippe Martin (dir.), 2023.

Premier ouvrage abordant les violences faites aux femmes dans le 9e art, À coups de cases et de bulles est à même de montrer la façon dont la bande dessinée franco-belge, les comics mais aussi les mangas traitent les agressions et les crimes de sang. La bande dessinée qui ne cesse d’ouvrir de nouveaux chantiers et de revisiter des domaines déjà balisés, soit en les renouvelant, soit en les inscrivant dans une tradition, continue d’investir l’imaginaire des sociétés contemporaines. Quotidiens, hebdomadaires, trimestriels font désormais une place de plus en plus importante aux cases et aux bulles, mais si les femmes de papier ont été parfois mises à l’honneur ou étudiées, c’est rarement le cas des brutalités, des insultes et des viols qu’elles subissent. Et pourtant, les récits graphiques regorgent de femmes victimes de violences les plus diverses : mariages forcés, humiliations, agressions physiques, viols. Des bandes dessinées relèvent du témoignage et de la littérature du réel, d’autres appartiennent au registre de l’imaginaire, mais toutes traitent d’un fléau universel, parfois en une seule case, d’autres fois en plusieurs planches. La visée du présent ouvrage est d’inverser les perspectives communes, de montrer que les femmes ne sont pas enfermées dans la catégorie des femmes aguicheuses, ni dans celle des faire-valoir, ni non plus dans celles des seules victimes. En effet, même humiliées, brutalisées, martyrisées, elles conservent leur dignité ou leur fierté.

Les Archives du féminicide

Aux éditions Hermann, Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud (dir.), 2022.

Pour Michel Foucault, l’archive est plus large que des liasses de papier, des bandes cinématographiques, des objets matériels ou des traces évanescentes. Elle est constituée de faits de discours dans une culture mettant en exergue des «  événements et des choses  ». Les archives du féminicide sont des bribes du passé ou du présent qui sont d’ordinaire délaissées. Le sort réservé aux femmes battues, martyrisées, humiliées, tuées a longtemps été proche de celui destiné aux fous, aux malades incurables ou aux prisonniers. Les violences faites aux femmes peuvent être restituées par le recueil des témoignages existants – et nombre de femmes font preuve d’un courage remarquable – ou à solliciter. Dans une perspective pluridisciplinaire, mais avec une forte dimension historique, le présent ouvrage entend donner des éclairages nécessaires pour saisir le phénomène majeur qui secoue les sociétés contemporaines, bouleverse les perceptions des rôles sexués et ébranle la domination masculine pour mieux comprendre comment vivre ensemble et faire cesser le scandale du crime contre les femmes.

Les crimes passionnels n'existent pas

Aux éditions D’une rive à l’autre, Arianne Sanesi, Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud, 2021.

« Aujourd’hui, dans un contexte marqué à la fois par l’essor récent du mouvement #MeToo et par la comptabilité macabre des femmes mortes sous les coups de leurs conjoints égrenée dans les médias, il convient de rappeler que le féminicide existe avant le mot. Le passé regorge de femmes assassinées seulement en raison de leur sexe. Toutefois, le crime n’était pas saisi dans sa singularité, il était invisible, noyé dans l’ensemble des meurtres et assassinats, il faut donc replacer le phénomène en perspective.
Si des femmes ont été brutalisées, violées, réduites en esclavage, torturées, tuées depuis des siècles, les logiques de leur mise à mort sont spécifiques : elles ne sont pas tuées de la même manière que les hommes, ni avec la même intensité ni avec une ampleur similaire. »
Extrait du texte de Lydie Bodiou et de Frédéric Chauvaud

Le travail photographique, « I would like you to see me » réalisé par Arianna Sanesi, en 2015, sur le féminicide en Italie, alors que ce terme était pratiquement inconnu et que le phénomène était largement ignoré par les médias, est le point de départ de ce livre et de la rencontre entre les photographies d’Arianna et le texte des historien.nes Lydie Bodiou et Frédéric Chauvaud. Leur dialogue crée un éclairage indispensable pour qui veut comprendre comment les mots et les images proposent de nouvelles perspectives sur l’un des problèmes les plus importants de notre temps : le féminicide et les violences domestiques.

Liens saccagés : Comment dire les violences familiales ?

Aux Presses Universitaires de Rennes, Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud, Marie-José Grihom (dir.), 2021.

Pendant la période du confinement, la famille est apparue comme une « valeur refuge », un lieu de protection face aux agressions sanitaires et aux crises extérieures. Pour autant, elle n’est pas exempte de discordes et de drames, parfois exacerbés par le huis-clos prolongé. En effet, si la famille, dans sa diversité, peut être considérée comme un havre de paix, elle est aussi, depuis des siècles, un groupe de personnes apparentées traversé par des tensions mortifères. L’objet du présent ouvrage est d’étudier, de manière pluridisciplinaire, différentes formes et manifestations de brutalité à l’intérieur de la famille. Est d’abord privilégiée la mise en scène et en mots des déchirements familiaux, à la fois dans les journaux télévisuels, comme dans les romans, ou encore au cinéma. Une deuxième entrée rétrécit la focale et examine les violences conjugales en croisant les sources et les points de vue. Un troisième volet se veut plus réflexif, allant des conflits familiaux autour des vocations religieuses féminines jusqu’à la question des droits de l’enfant au Togo.

Les violences en famille. Histoire et actualités.

Aux éditions Hermann, Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud, Marie-José Grihom (dir.), 2020.

La famille est présentée tantôt comme le dernier refuge des hommes et des femmes, dans un monde turbulent et imprévisible, tantôt comme une « institution » passéiste et délétère. Le célèbre cri d’André Gide dans Les Nourritures terrestres en 1927 : « Familles je vous hais », dénonce le repli sur soi, les bonheurs égoïstes, les « foyers clos » et les « portes refermées ». La famille est également le creuset où s’exercent toutes sortes de vexations et de brutalités pouvant conduire à la mort d’un de ses membres. Cet ouvrage a pour visée de s’attacher à la face sombre de la cellule familiale. Il s’arrête sur les transgressions, traite de la place, du rôle et des interactions entre victimes et auteurs, et enfin s’interroge sur la place des enfants et les violences qu’ils subissent. Pour mener à bien cette enquête, des disciplines variées sont ici convoquées. Les approches retenues, allant de la clinique à la démographie, de l’histoire au droit, de la caricature aux représentations théâtrales, permettent ainsi de saisir le phénomène complexe des violences en famille.

On tue une femme. Le féminicide. Histoire et actualités.

Aux éditions Hermann, Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud, Ludovic Gaussot, Marie-José Grihom, Laurie Laufer (dir.), 2019.

Dans l’immense majorité des sociétés, passées comme présentes, les femmes font l’objet de maltraitances avérées, de traitements iniques, et sont élevées dans une culture de l’infériorité. Les violences exercées contre elles, du mariage forcé aux coups répétés, sont des violences de genre qui induisent une sorte de banalité, voire d’impunité, conduisant au crime de sang. Le féminicide est un crime de haine contre les femmes en raison de leur sexe, pour ce qu’elles sont ou ce qu’elles représentent. Du continent asiatique auquel les filles « manquent » à l’Amérique du Nord, en passant par les pays européens qui tentent de légiférer ou des pays d’Amérique latine qui ont fait figurer la notion de féminicide dans leurs législations nationales, sans oublier l’Afrique et les organisations internationales, une prise de conscience s’est fait jour : le féminicide est un fléau universel et l’un des défis majeurs des sociétés du XXIe siècle. On tue une femme est un ouvrage pour dénoncer l’insoutenable et un outil permettant de penser, de comprendre et d’agir contre les féminicides.

Une femme sur trois. Les violences faites aux femmes d’hier à aujourd’hui.

Aux éditions Atlantique. Conçu par Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud, Marie-José Grihom, Héloïse Morel avec le concours de Louise Atani, Julien Gaillard, Sabine Lambert, Laurence Leturmy, Nicolas Palierne. Livre réalisé par Héloïse Morel. Dans le cadre du CPER Insect.

Tous les ans, en France, 217 000 femmes ou davantage subissent des violences. Comme ailleurs dans le monde, le nombre de victimes de viols, d’agressions sexuelles, de harcèlement reste minoré. Aucun chiffre exact, si ce n’est celui des déclarations faites à la police, n’est connu. Les femmes agressées, de tous âges, sont issues de tous les milieux : ouvriers, paysans, employés, avocats, médecins. Aucun lieu, la chambre, l’appartement, la maison, le métro, la rue, le bureau, l’école n’est épargné. Les agresseurs peuvent être des proches ou de parfaits inconnus. Cette présente brochure tend à comprendre ce phénomène des violences faites aux femmes parce qu’elles sont femmes, à travers des approches historiques, sociologiques, psychologiques et juridiques.

Le corps en lambeaux. Les violences sexuelles et sexuées faites aux femmes

Aux éditions PU Rennes, Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud, Ludovic Gaussot, Marie-José Grihom et Myriam Soria (dir.)

Cet ouvrage analyse les violences portant atteinte à l’intégrité physique et morale des femmes sans enfermer celles-ci dans le rôle de victime. Il s’interroge sur la quasi-universalité du phénomène, tout en étudiant son ampleur, ses variations, ses répercussions et ses contextes. Quatre approches sont privilégiées afin de prendre la mesure des violences sexuelles et sexuées, de suivre les formes de brutalisation, de s’interroger sur leur mise en scène et enfin d’examiner les dispositifs punitifs et les mesures prises pour « réparer ».

Avec une préface de Catherine Coutelle et une postface de Michelle Perrot.

Avec le soutien de l’université de Poitiers et de la MSHS de Poitiers.