
Niveau 1
La brutalisation familiale. Approches pluridisciplinaire
Le niveau 1 s’attache plus particulièrement à la collecte et à la mise en perspective des violences familiales dans le temps long. Pour comprendre la question des violences intrafamiliales, dirigées pour l‘essentiel contre les femmes et les enfants, il importe de les situer dans une perspective historique, de suivre les manières dont elles ont été abordées par les autorités et l’opinion publique, de suivre les prises de conscience, les avancées et les reflux, la place et la parole des victimes. On le sait la convention d’Istanbul avait mis à l’ordre du jour la question des « actes de violence fondés sur le genre ». Des textes anciens, des traces archivistiques permettent d’en restituer la généalogie. Le concept de brutalisation, revisité, apporte un éclairage ontologique sur ces violences au sein du cercle familial.
Si la perspective historique est privilégiée, elle n’est pas la seule. En effet, les approches ethnographiques, sociologiques, littéraires sont également retenues pour rendre compte de situations et de phénomènes complexes. De la sorte plusieurs manifestations et activités ont été conduites dont les résultats seront prochainement disponibles, permettant ainsi aux actions 2 et 3 de s’appuyer sur un ensemble d’analyses et de mises au point montrant que les violences ont un passé. S’il est possible de parler d’un invariant de la domination masculine, il faut bien convenir qu’il n’est pas resté identique et que les prises de conscience, comme les prises en charge évoluent selon les contextes.
Aussi pour mener à bien cette enquête collective, séminaires, conférences, journée d’étude, colloque et publications ont été programmés. De la sorte les principaux livrables dans lesquels la situation de huis clos -sociétale, familiale, conjugale et parentale- est traitée sont :
– Les liens saccagés (décembre 2021). Dans ce livre collectif, à la fois pluridisciplinaire et transculturel, il s’agit de restituer et de comprendre les violences familiales dans des contextes variés, à la fois historiques et géographiques, pour mieux mettre en relief les spécificités de la situation française.
– À coups de cases et de bulles. Les violences faites aux femmes dans la bande dessinée (janvier 2022). Cet ouvrage collectif explore un support qui connaît un écho considérable. En effet, si le 9e art a été mis à l’honneur en 2020, décrété année de la bande dessinée, il est aussi l’incarnation d’une culture populaire particulièrement dynamique, mais il reflète aussi les perceptions, les tensions, et les dysfonctionnements d’une société à un moment donné. Les violences des années 1970 ne sont pas traitées de la même manière que celles des années 2020.
– Les Archives du féminicide (2022). Dans une perspective pluridisciplinaire, mais avec une forte dimension historique, le présent ouvrage n’entend pas donner un inventaire des archives du féminicide mais des éclairages nécessaires pour saisir le phénomène majeur qui secoue les sociétés contemporaines, bouleverse les perceptions des rôles sexués et ébranle la domination masculine pour offrir un dossier permettant de mieux comprendre comment vivre ensemble et faire cesser le scandale du crime contre les femmes.
– Les enfants mis en cases (2022). Le niveau 1 en collaboration avec divers partenaires, dont le 3RBD, la CIBDI et l’Association pour l’histoire de la Protection judiciaire des mineurs, s’associe à la journée du 11 mars. En effet, si la bande dessinée s’est intéressée plus largement à ce qu’il est convenu d’appeler l’enfance irrégulière, comprenant à la fois l’enfance qui commet des écarts à la loi ou aux normes et l’enfance victime de mauvais traitements : battue, violée, prostituée, abandonnée. Les dysfonctionnements familiaux et sociétaux sont mis en contexte.
Membres du niveau 1 :
Lydie Bodiou (maîtresse de conférences en histoire de la Grèce antique, Herma, université de Poitiers) et Frédéric Chauvaud (professeur en histoire contemporaine, Criham, université de Poitiers).